Fortifications Belges et Maginot + Les moulins en Belgique

Fortifications Belges et Maginot + Les moulins en Belgique

Le moulin de Gronsveld Maastricht

Le moulin de Gronsveld 

 


09/06/2016
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1- Construction d'un Trébuchet

 

 

La construction d’un trébuchet de A a Z par le président de l’association André

Cela lui à demander plusieurs heures de travaille et de réflexion, cela lui trottais dans la tête depuis plusieurs années de pouvoir en  réalisé une dont il pourrait s’en servir ayant réalisé il y a quelques années des répliques miniatures

Voici en images la réalisation de son projet

 

 

 

 

 


30/05/2013
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Fort de la Crèche à Wimereux

 

 


Mur de l’Atlantique

Région de Boulogne et environs


Quelques vues du fort de la Crèche et la pointe de la Crèche à WIMEREUX

J’ai voulu en faire la visite cette année au mois de mai, mais les accès étend fermé, je vous propose des photos de 2008

Tous vos commentaires sont les biens venus

 

 

 

Voici un lien très intéressant sur

l’histoire de ce fort ci-dessous 

http://www.opalenetwork.com/host/oph/fort.htm


31/05/2013
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Fresques maginot suite 6

Voici les dernières peintures mural retrouvées dans les divers ouvrages 

 

 


26/02/2013
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Les fresques de la Ligne Maginot suite 5

Voici encore une série de Fresques Maginot et autres, cette série est une des plus belles,  dans l'Ouvrage du Bois De Bousse

Je demande à qui veut bien, s'il possède des photos de Fresques de m'en faire parvenir afin de pouvoir complété les albums

Merci d'avance

 



24/02/2013
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Les Fresques dans la Ligne Maginot suite 4

Et voici encore une série de peinture mural, d'inscription au pochoir (frise),des dessins explicatif,

de moulage dans le béton ect.. 


22/02/2013
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Les fresques de la Ligne Maginot suite 3

Voici encore une nouvelle série

Fresques de la ligne Maginot suite 3



21/02/2013
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Les fresques de la Ligne Maginot suite 2

 

Voici la suite des Fresques trouvées sur la Ligne Maginot depuis 1990 et à partir de 2003 avec Marc



21/02/2013
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Les fresques de la ligne Maginot

Avec cette première partie, les fresques que j'ai retrouvé sur le secteur des Alpes

 

 


19/02/2013
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1 - Cibles Bremer a Spa-Malchamps

 

 

Les cibles Bremer
à Spa-Malchamps

 

Il ya une vingtaine d'années lors d'une balade dans les bois de Spa – Malchamps, j'avais découvert une chose bizarre des vestiges en métal, depuis peu j'ai appris qu'il s'agissait de tout un complexe, le stand de tir civil de Spa-Malchamps, Des cibles énormes en acier sont du type Bremer, du nom de leur inventeur le capitaine René Bremer du Régiment de Carabiniers.

 Des cibles auraient été implantées aux distances de 600, 800 et 1.000 mètres. Seules les cibles à 600 et 1.000 mètres subsistent à présent.

Voici l'article de Monsieur Eric Simon paru dans le Clham

 

 

Etranges vestiges dans les bois de Spa-Malchamps

 

Jean Poumay, de Tilff, membre du C.L.H.A.M. et infatigable chercheur, a la gentillesse de partager avec nous les photos de vestiges qu'il a découverts au mois d'avril dernier dans les bois de Spa-Malchamps, tout près du célèbre champ d'aviation de La Sauvenière.

 

Le terrain de La Sauvenière est au Nord. En diagonale la grand route Spa-Malchamps (© Google Earth).

D'après le peu d'informations que nous avons pu glaner jusqu'à présent, il s'agirait d'un stand de tir soumissionné pour la ville de Spa en 1905 par l'entreprise Bétons Armés Hennebique. Les installations auraient été inaugurées en 1907.

 

Le stand de tir vers 1909

 

 

Quelques vestiges:  le bâtiment

 

les cibles n° 1 et 2 placées à 600 m (© Jean Poumay).

 

 

Le stand aurait comporté 26 emplacements individuels par étage, permettant ainsi à 52 tireurs de s'entraîner à l'abri des intempéries, sans risque de se gêner ou de se blesser.

 

Des cibles auraient été implantées aux distances de 600, 800 et 1.000 mètres. Seules les cibles à 600 et 1.000 mètres subsistent à présent et on les repère plus facilement en hiver, lorsque les arbres ont perdu leurs feuilles.

 

Le stand de tir proprement dit

à droite photo du bâtiment (© Jean Poumay).

Il s'agit d'installations importantes qui semblent avoir une vocation purement civile, même si la grande taille des cibles nous laisse quelque peu perplexe. Nous lançons ici un appel à nos lecteurs, en invitant ceux qui en sauraient un peu plus à nous faire-part de leurs connaissances.

 

Deux vues des cibles n°1 et 2 placées à 600 m et du bâtiment qui les supporte (© Jean Poumay).

 

 

A gauche la cible n° 2 vue de l'arrière.

 

 A droite la cible n° 3 placée à 1.000 m (© Jean Poumay).

Via le site Internet du C.L.H.A.M., une question nous avait déjà été posée sur ce même sujet par Madame Francou de Jambes dans le courant du premier trimestre 2002, mais pas plus à l'époque qu'aujourd'hui nous n'avons été capables d'apporter de réponse satisfaisante.

 

Les cibles de Spa-Malchamps
(suite

 

Dans le dernier bulletin (pp. 33 à 34), nous vous avions présenté trois étranges cibles que notre correspondant Jean Poumay avait découvertes dans le domaine de Bérinzenne à Spa-Malchamps. A en croire le nombre d’appels et de commentaires reçus, le sujet vous a manifestement passionné. Nous tenons à rendre ici hommage, dans l’ordre de leur intervention, à toutes celles et ceux qui ont pris le temps d’apporter leur contribution à une meilleure connaissance du sujet abordé. Nos remerciements s’adressent donc à: Jean Poumay de Tilff sans qui rien n’aurait commencé, Robert Gils de Temse, Roger Renard de Donceel, Raymond Serron de Seraing, Jacques Wynants de Verviers,  Marie-Christine Schils conservatrice des musées de Spa,  James Lohest de Spa, Sylvain Weuts conservateur du Musée de Beverloo et Paul Bertholet de Theux.
D’après les premières informations recueillies par Robert Gils, les cibles sont du type Bremer, du nom de leur inventeur le capitaine René Bremer du Régiment de Carabiniers. Robert Gils nous signale qu’il a personnellement vu de telles cibles sur le champ de manœuvre de Beverloo.
De mon côté, je suis «comme par hasard» tombé sur quatre cartes postales intéressantes. Les deux premières cartes représentent des cibles Bremer au camp de Beverloo avant la deuxième guerre mondiale; il y en aurait eu là-bas jusqu’à quinze, puis même vingt-sept exemplaires !

 

 

 

 

Cartes postales oblitérées en 1939, montrant quelques cibles du camp de Beverloo.
 
Les deux cartes suivantes prouvent, sans la moindre ambiguïté possible, qu’au moins trois cibles Bremer ont également été installées au camp d’Elsenborn.
 

 

 

Cartes postales non datées, montrant les trois cibles du camp d’Elsenborn.
 
 
Des agrandissements de l’une des photos prises à Spa par Jean Poumay et des cartes postales de Beverloo et d’Elsenborn, démontrent que les cibles sont exactement les mêmes dans les trois cas.

 

Cibles de Spa-Malchamps (à gauche), de Beverloo (au centre) et d’Elsenborn (à droite). Aucun doute, ce sont les mêmes !
 
 
Grâce à Raymond Serron de Seraing, nous apprenons que des cibles Bremer ont également été utilisées en région liégeoise. Douze cibles auraient été montées juste avant la deuxième guerre mondiale au champ de tir de Droixhe. Au printemps 1940, l’occupant allemand se serait empressé de transférer les cibles de Droixhe au camp de Beverloo, portant du même coup le total des cibles de Beverloo de quinze à vingt-sept unités.
Trois cibles à Spa, quinze à Beverloo, trois à Elsenborn et maintenant douze à Droixhe, cela ouvre de nouvelles perspectives, car combien de ces fameuses cibles a-t-on finalement construit ?
Et le jeu de piste continue … Jacques Wynants nous recommande auprès de la conservatrice des musées de Spa, Marie-Christine Schils, celle-ci nous oriente fort obligeamment vers James Lohest. The right man in the right place, puisque celui-ci a réalisé un travail particulièrement fouillé intitulé 150 ans de tir à Spa. Cette brochure est malheureusement épuisée, mais l’auteur nous en a très gentiment fourni une copie, en attendant la publication d’une prochaine réédition revue et augmentée, dont nous nous chargerons avec plaisir d’annoncer la parution.
James Lohest nous apprend que les cibles Bremer de Spa-Malchamps étaient utilisées aussi bien par des civils, que par des militaires et des gardes-civiques. Les installations permettaient le tir à l’arme de guerre, mais également le tir au révolver, à la carabine, à l’arc et même à l’arbalète, et ceci aux distances de 12, 30, 50, 100, 200, 300, 400, 500, 600, 800 et 1.000 mètres. Dans la majorité des cas, les objectifs sont constitués par des cibles mobiles classiques, mais aux distances de 400 et 1.000 mètres on a recours à des cibles électriques du type Bremer (2 cibles à 400 m et 1 cible à 1.000 m).
Plus la distance augmente, plus le tireur éprouve évidemment des difficultés à observer le résultat de son tir. Par le jeu d’impulsions et de relais électriques, les cibles Bremer permettent de visualiser les coups au but sur une autre cible – beaucoup plus petite – située tout près du tireur. C’est un système tout à fait remarquable pour l’époque, si l’on veut bien se souvenir que le projet d’implanter un nouveau champ de tir à Spa-Malchamps est arrêté en 1905, que les travaux de terrassements sont entamés par l’entreprise Bétons Armés Hennebiqueen 1906, et que l’inauguration intervient en 1907.
 
 
Les installations de Spa-Malchamps sont de dimensions impressionnantes. Elles s’étendent sur deux niveaux comprenant vingt-sept emplacements de tir chacun, ce qui offre la possibilité à cinquante-quatre tireurs de s’entraîner simultanément, ainsi que le montrent les photos ci-dessous.
 
 
 
La façade avant du tir de Spa-Malchamps
 (© Paul Bertholet).
 
 
La façade arrière du tir de Spa-Malchamps avec les 54 emplacements de tir individuels (© Paul Bertholet).
 
 
D’un point de vue purement technique, nous citons intégralement James Lohest: «… la cible est du système électro-automatique du commandant Bremer. Elle est elliptique et a comme grand diamètre 2,40 mètres et comme petit diamètre 2,25 mètres; elle est divisée en secteurs et fragments de secteurs. Une cible analogue, mais de dimensions très réduites, se trouve dans le box du tireur. Quand la balle frappe une partie quelconque de la cible, un courant électrique agit sur la partie correspondante de la cible réduite et indique ainsi automatiquement au tireur l’endroit où la cible a été touchée et le point obtenu».
 
 
 
 
Roger Renard, de Donceel, nous a fait parvenir les photos-souvenirs d’un repas de corps organisé par le Bataillon de Chasseurs-Eclaireurs d’Anvers (gardes-civiques) le 7 juin 1908 à l’occasion: des tirs réels en terrain varié exécutés à Malchamps pendant la période des Manœuvres annuelles de 1908. Ces documents viennent confirmer d’une manière indiscutable le fait que le champ de tir ait pu être opérationnel à partir de l’année 1907.
 
 
 
 
 
La couverture (à gauche) et les pages centrales (à droite) du souvenir du 7 juin 1908 (© Roger Renard)
 
 
 
Dernière page du souvenir du 7 juin 1908:
les gardes-civiques d’Anvers (© Roger Renard).
 
Des manuels militaires détaillant le fonctionnement des cibles existent au Musée Royal de l’Armée ainsi qu’au Musée du camp de Beverloo, mais nous n’avons malheureusement pas eu le temps de les consulter. Si on fait le total des cibles Bremerrépertoriées à Spa, à Beverloo, à Elsenborn et à Droixhe, on parvient à un total de trente-trois, mais selon James Lohest ce nombre doit être plus élevé encore parce que l’invention du capitaine Bremer a rencontré un certain succès à l’exportation. Des cibles ont notamment été vendues jusqu’en Argentine…
Il est surprenant de constater que la situation juridico-légale des champs de tir est particulièrement tirée par les cheveux. A Droixhe, la commune est propriétaire du terrain et l’armée possède les installations. A Spa, c’est exactement l’inverse. Ces emmanchures compliquées finissent par avoir des conséquences néfastes. Dès 1921, le site de Spa-Malchamps commence progressivement à se dégrader, essentiellement par manque d’entretien. En 1927, la ville de Spa tente en vain de se débarrasser des bâtiments en les revendant à l’Etat. En 1950, des problèmes de sécurité rendent les séances de tir de plus en plus difficiles à organiser. Enfin, le 13 octobre 1961, le Ministre de la Défense renonce définitivement à l’usage du champ de tir de Spa-Malchamps.
 
 
Bibliographies & sources
- BREMER René. (capitaine). Le Tir dans les casernes, dans les stands, dans les champs de tir. Manuel militaire. 1908.
- BREMER René. (capitaine). Cibles à avertissement automatique. Manuel militaire. 1909.
- LOHEST James. 150 ans de tir à Spa-Malchamps (1869), Nivezé, Mambaye, Spa-ville, Tir aux pigeons, Malchamps (1901), Fagne-Raquet (1941), Vequeterre. Edition de l’auteur, Spa, 1990, 88 p.
- Museum Kamp van Beverloo. A la mémoire de deux glorieux officiers de l’Armée Belge: [dont] le colonel René BREMER.
- Museum Kamp van Beverloo. Dossier over “Electro – Automatische schietschijven” uit jaren “50”.
- Site Internet: Geocaching.com - View Geocache Log - indiana_jack found time machine (auteur inconnu).
- Site Internet: Geschiedenis van de Karabiniers. 1894 – 1914 (texte rédigé par un certain Patrick).
Il n’entre pas dans nos priorités de développer davantage ce sujet qui sera prochainement repris par un véritable spécialiste de la question, il n’empêche que nous demeurons à l’affût de toute information ou documentation supplémentaires.
Eric Simon
 
 
Montage Mag60
 
 
La suite bientôt
 
 
Manuel des cibles Bremer
suite du reportage photos
 
 
Ce document provient de la bibliothèque de l’armée et ce
Grace à notre ami Raymond Lequime
 
 

01/03/2012
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Eben Article Joseph THONUS suite 5

Suite et fin de l'Article

 

Les causes principales de la chute du fort et du canal

____________________________________________

 

1° Dans le chef du commandant du fort

En règle générale, les ordres qui sont donnés ne correspondent absolument pas à la situation à laquelle il faut faire face. Durant l'engagement, on remarque un manque chronique d'autorité et de contrôle sur le personnel. Beaucoup d'hommes demeureront inactifs, réfugiés dans les locaux de la caserne souterraine.

2° Du point de vue de l'instruction militaire

Au moment de l'attaque, le fort est inopérationnel. Dans l'ouvrage, le personnel est incapable de manipuler un matériel sophistiqué et délicat, qui nécessite des servants parfaitement drillés. Sur les superstructures, personne n'est capable de la moindre action sérieuse pour dégager le massif. Aucun exercice de ce genre n'a jamais été organisé et l'armement est totalement inadapté.

3° Le moral de la garnison

Le manque de confiance dans les chefs est omniprésent. A l'exception de certains ouvrages, la volonté de combattre est quasiment nulle. L'indiscipline est généralisée, elle est générée et renforcée par la peur d'un danger invisible et indéfinissable, devant lequel chacun se sent impuissant.

4° L'effet de surprise

L'attaque tombe du ciel avec une rapidité foudroyante, alors que la guerre n'est même pas encore déclarée.

5° Une nouvelle arme

L'utilisation de la charge creuse, aux effets dévastateurs, remet en cause tout ce que l'on croyait connaître sur la résistance des ouvrages fortifiés.

 

Les responsabilités

________________

 

Toutes les responsabilités doivent-elles être trouvées au fort ? Certes pas, elles sont certainement partagées du plus bas échelon jusqu'aux plus hauts responsables de la « situation » du fort. Certains ordres ne furent pas donnés, d'autres furent donnés trop tard. Après la fin de la guerre, il y eut, concernant le fort d'Eben-Emael, deux commissions d'enquête.

La première, que nous qualifions de « réglementaire » fit l'enquête d'usage pour tous les forts des positions de Liège et de Namur. Par la suite, pour Eben-Emael, il y eut une seconde commission, celle du général Derousseau[1] qui, semble-t-il, se contenta d'examiner uniquement ce qui s'était passé au fort, alors qu'à l'examen du dossier, de nombreuses questions concernaient d'autres échelons : GQG, CRA de Hasselt, commandants des Ier et IIIe Corps et commandant du RFL !

Qui devait répondre :

- du sous-encadrement de la garnison du fort ?

- du non-achèvement de certains travaux encore en cours au fort (ventilation, circuits

  électriques, système de liaison interne, bureau de tir, ouvrages de combat ?

- de la non-livraison de certains matériels (lunette coupole 120) ?

- du manque de précision relatif à certains ordres en cas d'alerte ?

- du prêt d'appareils téléphoniques au camp d'Helchteren ?

- de l'ordre de rétablir les congés le 10 mai 40 sans l'avis de la 2e Section du GQG ?

- du retard de transmission de l'alerte au fort (55 minutes) ?

- de l'ordre d'attendre avant de tirer les salves d'alerte ?

- de l'interdiction de tirer sur la Hollande[2] ?

- de la décision de déménager le GQG durant les premières heures les plus critiques de

   l'attaque ennemie et en l'occurrence du manque de liaison en ces moments cruciaux ?

 

En guise de conclusion

___________________

 

L'attaque du canal Albert les 10 et 11 mai 1940, qu'il s'agisse des ponts, ou plus particulièrement du fort d'Eben-Emael, demeure un exemple de ce qui peut être réalisé par la combinaison de l'effet de surprise, l'initiative et la préparation soignée d'opérations menées par des combattants « super-entraînés », fanatisés et prêts à toutes les audaces. La garnison du fort semble avoir été victime d'une extraordinaire série de malchances, d'erreurs dues au caractère routinier des instructions de temps de paix et, à la longue mobilisation, aussi est-elle plutôt à plaindre qu'à blâmer. Vingt et un sous-officiers et soldats furent tués à leur poste et les équipes de certains ouvrages, tels Coupole Sud, Canal Nord, Canal Sud et Bloc 01 sont dignes de tous les éloges. On ne connaît pas avec certitude le nombre de victimes de la bataille du canal Albert, mais il y a lieu de se souvenir que la 7e DI, défendant le secteur, a perdu environ 900 hommes et qu'un millier d'autres furent fait prisonniers. Parmi les morts au combat : 116 ont perdu la vie à Veldwezelt; il y eut de nombreux blessés et 400 prisonniers. 147 furent tués à Vroenhoven; il y eut beaucoup de blessés et à peu près 300 prisonniers. 216 morts furent dénombrés à Kanne, de nombreux blessés et environ 190 prisonniers.

Cette énumération quelque peu lapidaire, révèle le triste bilan d'une situation défensive engourdie par une doctrine neutraliste quelque peu excessive, sinon naïve, compte tenu des leçons du passé, et du contexte de la tension internationale de l'époque. Subissant une agression résultant d'une stratégie machiavélique, conjuguée à de hardies opérations offensives menées avec maestria par l'attaquant, les troupes défensives belges se trouvèrent subitement plongées dans une avalanche d'événements auxquels leur impréparation matérielle et morale ne leur permit pas de faire face. D'abord figées dans la stupeur, la plupart des unités se ressaisirent alors que les objectifs essentiels étaient déjà atteints par les assaillants. Néanmoins, à l'issue de ces deux premiers jours de combat, tout aussi déplorable que fut la situation au canal Albert pour les Belges, il y a lieu de rappeler leur brillante conduite au combat. Entre autres, les unités d'infanterie et d'artillerie d'appui et de forteresse engagées dans la défense de ce secteur qui, bien que placées dans les premières heures de guerre toujours les plus pénibles pour de jeunes troupes, au point où se produisait l'effort principal allemand, eurent une attitude au feu qui leur coûta un lourd tribu[3]. Ainsi, les unités de la 7e DI ont largement mérité « Canal Albert » sur leurs étendards ainsi que cette citation :

« Première grande unité ayant subi une attaque en force de la Wehrmacht, soumise inopinément à un bombardement aérien d'une violence extrême et à l'intense action de procédés de combat nouveaux et démoralisants. Etirée sur un front de plus de 20 km et de ce fait, pratiquement privée de réserves, a opposé sur le canal Albert à un adversaire matériellement fort supérieur, une résistance qui lui coûtèrent des pertes élevées ».

 

Les sources

__________

 

- Journal de campagne reconstitué par le major Jottrand (en captivité).

- Archives du fort d'Eben-Emael et unités ayant combattu au canal Albert.

- Ceux du fort d'Eben-Emael (anciens du fort).

- Les paras allemands au canal Albert, mai 40 - Lohest J.C.

- Albert Kanal, Eben-Emael - Walther Melzer.

- Eben-Emael - Günther Schalich.

- Lastenssler auf Eben-Emael - J.E. Mrazek.

- Deutscher Pioniere E.V. (Pi IIe Bn 51 mot) - H. Quedenfeld.

- Die Hinnahme von Eben-Emael - Rüdolf Witzig (major ad).

- Manuscrit de Fallschirmjäger du groupe Granit. Witzig-Wenzel-Arent-Maier-Niedermaier-Alef W.

- Récits verbaux de Witzig et Wenzel (souvenirs).

- Eben-Emael, die Überraschende Einnahme entscheidet den Westfeldeug.

- Ce que j'ai vu à Eben-Emael, par l'aumônier du fort (abbé L. Meesen).

- En contre-attaque sur Eben-Emael par le commandant S. Hautecler.

- Copie du rapport établi en 1945 par le sous-lieutenant Wagemans (2e Grenadiers).

- « Die Deutschen sind da. Oh mon Dieu ! » - Jochen R. Klicker.

- Relation des événements qui se sont passés les 10 et 11 mai 40 au fort d'Eben-Emael (mémoires écrites en captivité par le

  major Jottrand).


 

06/12/2008
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Eben Article Joseph THONUS suite 4

 

Quels étaient les obstacles de défense dont disposait le fort ?

Du côté canal, la tranchée de Caster, dont la pente abrupte mesure 60 mètres, constitue un obstacle infranchissable[1]. De plus, Canal Nord et Canal Sud tiennent le canal Albert sous leurs feux. Sur le flanc Ouest, faisant face aux points d'appui du 2e Grenadiers, du bloc II au canal, le fossé « humide » de 10 mètres de large est inondé sur une profondeur de 4 mètres par les eaux du Geer. Le flanc du massif, très escarpé, est couvert par les armes des blocs I et II. Du côté Sud, il y a un fossé sec[2] de 10 mètres de large et 4 mètres de profondeur. Sur le flanc du côté du fort, le mur d'escarpe est bétonné. Tout ce périmètre est tenu sous le feu des blocs I, IV, V et VI[3]. Il y a en outre divers types d'obstacles (barbelés, tétraèdres, etc.) devant les blocs I, II, IV, VI ainsi que sur le glacis allant du bloc V jusqu'au canal. Comme on peut s'en rendre compte, on avait tout de même pensé aux éventuelles attaques terrestres (conventionnelles).

D'autre part, sur les superstructures, seuls Mi Nord, Mi Sud et 01 disposent d'une double rangée de barbelés. Par contre, les ouvrages d'artillerie sont dépourvus de fossés « diamant » ou d'autres obstacles pouvant entraver l'approche. Aussi peut-on sans peine accéder aux tourelles et embrasures des casemates pratiquement de plain-pied. La surface du massif est dépourvue de tout obstacle ! Cet état de fait entraînera de multiples reproches à l'encontre du commandant du fort et de l'autorité supérieure. Il eût en effet été souhaitable d'avoir des réseaux de barbelés autour de chaque ouvrage et même dans les intervalles.

Il ne s'agit cependant pas d'un simple oubli, il est bon de se souvenir que lors d'une visite du conseiller militaire du Roi, le major Jottrand lui avait signalé les déficiences de son dispositif de défense; il s'était fait, selon la coutume, vertement rabroué avec cette morgue insupportable, célèbre chez le général Van Overstraeten[4]. Il est vrai que le massif du fort pouvait être battu par les canons de 75 tirant en « boîtes à balles » et les 120 fusant à évent zéro ! De plus, il y avait les 6 mitrailleuses de Mi Nord et Mi Sud, sans oublier les 2 FM des débouchés d'infanterie. Mais tout de même, le major Jottrand n'aurait-il pu prendre l'initiative de faire placer des réseaux de barbelés autour des ouvrages et sur le massif du fort ? Il faut avoir connu l'armée belge en 1940 et ses principes de centralisation à outrance, pour savoir que pour obtenir ne fût-ce qu'un clou ou un piquet, il fallait l'accord des plus hautes autorités !

Il n'empêche qu'il est quasi certain que si les aéroportés s'étaient retrouvés empêtrés dans des réseaux de barbelés pour ensuite se heurter à un fossé « diamant » avant de pouvoir placer leurs charges creuses sur les coupoles et embrasures des ouvrages, les défenseurs auraient sûrement eu le temps d'intervenir. Si seulement, à défaut de tétraèdres, de simples pieux avaient hérissé les superstructures du fort, l'atterrissage des planeurs se serait transformé en catastrophe pour le groupe Granit ! Le 10 mai 1940, comme à l'exercice, sur un terrain de football, les aéroportés n'eurent aucun mal à courir vers leurs buts, bien que lourdement chargés de leurs charges creuses !

Ce que les aéroportés allemands ignoraient

1° Les fausses coupoles. Bien que l'opération ait été préparée dans ses moindres détails, à l'aide des renseignements patiemment accumulés, les parachutistes ignoraient que trois coupoles étaient factices. Ainsi, deux équipes de planeurs (troupes 6 et 7) soit 15 hommes, furent entraînés à la prise de ces deux coupoles de la pointe Nord (la fausse coupole plus au Sud ne fut pas concernée).

 

2° Les sorties de secours. Chaque ouvrage, à l'exception des coupoles et des casemates, possède une sortie de secours invisible de l'extérieur. Ces sorties ne sont connues que de certains officiers. Il s'agit d'un trou d'homme, percé dans le béton un peu plus bas que le sol extérieur et muré par quelques briques. En cas de nécessité absolue de sortir, il suffit d'enlever ces quelques briques et de creuser un peu la terre pour arriver à l'extérieur. Au bloc 01, la sortie est sur le haut. Aux ouvrages Canal Nord et Canal Sud, elle donne sur le chemin de halage du canal Albert. Les aéroportés ignoraient cette particularité qui aurait pu leur être bien utile cependant, notamment pour faire sauter les ouvrages.

3° La topographie interne du fort. Les Allemands ignoraient tout de la conception interne du fort, de même que des dispositifs de sautage des galeries[5].

Ces faits confirment qu'aucune fuite d'information ne s'était produite durant la construction du fort ni, par la suite, au cours de son occupation par la garnison.

Les déboires du groupe Granit

Contrairement aux espoirs du haut-commandement allemand, l'armée belge et, en l'occurrence, le fort d'Eben-Emael, sont alertés suffisamment tôt[6] pour être prêts dès 03 h 30, soit trois heures après l'ordre d'alerte (laps de temps prévu par le dossier d'alerte). Compte tenu des armes pouvant agir sur le massif du fort, les planeurs et leurs occupants devraient être anéantis en quelques minutes. Si, contre toute attente, il survivait, le groupe Granit serait handicapé par :

- l'absence de deux planeurs (n° 2 et 11) dont celui du chef de groupe, le lieutenant Witzig (qui rejoint alors que la mission est accomplie);

- les planeurs 6 et 7 perdent du temps en attaquant les fausses coupoles, ce qui les retarde dans l'exécution de leurs autres missions;

- le retard que subissent le groupe d'artillerie Aldinger[7], l'IR 151 et le bataillon PI 51 à Maastricht, dans l'énorme embouteillage causé par l'échec du Bau-Lehrbataillon zur Besonderen Verwendungen n° 100, en l'occurrence le sautage des ponts de Meuse, ensuite par celui du pont de Canne sur le canal Albert;

- le manque d'armes lourdes (mitrailleuses et mortiers).

 

Witzig raconte[8]

_____________

 

La chute aussi inattendue et rapide du fort d'Eben-Emael, ainsi que la brièveté des communiqués de la Wehrmacht, laissèrent planer un certain mystère sur le déroulement de cet audacieux coup de main. S'emparant du sujet, la presse étrangère donna libre cours aux narrations les plus fantaisistes. C'est ainsi qu'en 1941, un journal américain claironnait, suivant les déclarations d'un capitaine hollandais, que les firmes allemandes ayant participé aux travaux du canal Albert, auraient laissé en Belgique certains de leurs ouvriers, qui se seraient même mariés dans la région. Ceux-ci, ayant pendant des années cultivé des endives dans les grottes de l'endroit, auraient profité de l'occasion pour amasser sous le fort d'Eben-Emael, des charges explosives qu'il n'y aurait plus qu'à amorcer le jour de l'attaque de l'ouvrage.

En réalité, durant la construction du canal et du fort, nous n'avons pu obtenir aucune information susceptible de nous intéresser. La vérité est que le secret des fortifications fut tout aussi bien gardé du côté belge, que de notre côté celui des nouvelles méthodes de combat et des nouvelles armes.

Bien que connaissant parfaitement la disposition des ouvrages « extérieurs » (superstructures) et des défenses périphériques, grâce à l'exploitation de photos aériennes, nous ignorions tout de la conception interne du fort. Certes, nos services d'information avaient eu l'occasion de questionner certains transfuges et déserteurs belges, mais les renseignements obtenus ne furent d'aucune utilité, n'ayant rien de commun, ni rien à voir avec Eben-Emael, dont la construction était récente. Notre mission comportait d'énormes risques, tant dans sa première partie, comprenant le décollage et le vol de nuit qui à eux seuls constituaient un véritable exploit, que dans sa deuxième partie. Cette seconde partie de la mission comprenait l'atterrissage et la destruction des ouvrages. C'était le moment le plus critique, celui où nous serions les plus vulnérables, car soumis au feu des armes des défenseurs. Il était prévu que les quatre groupes atterriraient simultanément à 04 h 25, exactement 5 minutes avant le franchissement de la frontière germano-hollandaise par nos troupes. Ces cinq minutes de sécurité avaient été requises par le commandant Koch, afin de garantir l'effet de surprise.

Chacun connaissait exactement sa mission dans les moindres détails. Le temps jouant contre nous, tout devait aller très vite; les destructions devaient être exécutées endéans les 10 minutes, tout ce qui ne serait pas réalisé avant les 60 premières minutes, ne pourrait plus l'être suite à la réaction des défenseurs. Nos seuls atouts se résumaient en « surprise » et « rapidité d'action ». La mission était claire, attaque simultanée et destruction de toutes les armes d'infanterie, depuis les mitrailleuses jusqu'aux canons à tir rapide. Neutralisation de l'artillerie orientée vers le Nord (protection des ponts de Veldwezelt, Vroenhoven et Kanne) et résistance sur place jusqu'à la relève par les unités d'avant-garde. A notre grand étonnement et soulagement, les défenseurs n'opposèrent aucune réaction.

Tout se déroula comme à l'exercice. Le fait que les ouvrages d'artillerie n'étaient pas protégés par des fossés, réseaux de barbelés ou obstacles quelconques, nous facilita énormément la tâche; c'était inespéré ! L'absence de mines sur le terrain, facilita encore considérablement notre entreprise !

Bien que la prise de certains ouvrages nous offrît la possibilité de pénétrer dans les galeries du fort, nous n'avons pas tenté d'incursion. Cela aurait comporté trop de risques, étant donné que nous ne connaissions pas la topographie des lieux, ni même l'organisation de la défense interne, pas plus que le système des destructions prévues. Des grenades et des charges explosives furent lancées vers les étages inférieurs afin de décourager les défenseurs à contre-attaquer par les escaliers.

Nous nous attendions par contre à des contre-attaques sur le massif. Le fait que les troupes qui devaient nous relever soient bloquées par le sautage des ponts de la Meuse et du pont de Kanne, nous causa un sérieux problème et d'inquiétants soucis, car nous fûmes contraints de tenir notre position toute la nuit du 10 au 11 mai, alors que nous aurions dû être relevés dès la matinée du 10. Il va de soi, compte tenu du manque d'armes lourdes, de notre faible effectif, des blessés et des tués, que nous n'aurions pas pu tenir face à une contre-attaque bien menée avec des forces suffisantes. Si, pendant la journée, notre Luftwaffe nous protégea efficacement, dès la tombée de la nuit, nous devenions très vulnérables. Ce que nous redoutions le plus, c'était la possibilité d'infiltrations à la faveur de l'obscurité. Fourbus par cette rude journée, les hommes restèrent sur un informel qui-vive jusqu'au lendemain matin. Fort heureusement, les timides tentatives de contre-attaques furent repoussées sans peine et la nuit fut calme.

Quelles sont les raisons qui causent la reddition du fort :

1° La surprise est telle qu'elle annihile d'emblée toute volonté de combattre.

2° La neutralisation des ouvrages extérieurs crée une atmosphère d'insécurité. Se croyant en sûreté, à l'abri des cuirasses, les hommes réalisent subitement qu'ils sont très exposés et soudainement, ils se sentent prisonniers de leur propre fort.

3° Suite aux explosions ébranlant le fort et à la fumée se répandant dans les galeries, la panique s'empare des défenseurs.

4° Toute aide extérieure est vouée à l'échec, même durant le temps où le fort n'est pas encore encerclé (action de la Luftwaffe).

5° Il n'y a aucune tentative de contre-attaque en force suffisante et surtout animée de la ferme volonté de nous déloger. La garnison, forte de 1.200 hommes, a été entraînée à combattre sous la protection du blindage des ouvrages, mais pas en terrain découvert. Il faut considérer qu'il y avait là une grave lacune au niveau de l'instruction militaire, d'autant plus que le moral faisait défaut. Une attaque nocturne nous aurait mis immédiatement en danger !

6° L'ouvrage avait de nombreux points faibles. Les coupoles d'artillerie ne disposaient d'aucun moyen de défense rapprochée propre. Les casemates étaient dépourvues de fossé interdisant l'approche des embrasures[9]. Il n'y avait aucun réseau de barbelés protégeant l'approche des ouvrages, ni aucune mine ! Par contre, nous avons été leurrés par les fausses coupoles, qui étaient parfaites. Nous n'avons pas pris assez de précautions vis-à-vis de Coupole Sud qui, de par sa situation, ne semblait pas pouvoir nous mettre en danger mais qui finalement, balaya le fort de tirs de harcèlement. Dans l'ensemble nous avons trouvé le fort moins bien défendu que nous ne le supposions et notre entraînement sur des fortifications mieux protégées nous a été profitable. Les blocs Canal Sud et Canal Nord furent les plus performants, ils étaient inaccessibles et défendirent efficacement le canal.

 

Trahison ... cinquième colonne

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Il a souvent été fait allusion à l'existence d'une cinquième colonne et, en l'occurrence, à des sabotages du matériel de tir. Dans l'immédiat après-guerre, par manque de sources fiables, il a été fort difficile de se prononcer sur la question. Il faut de toutes manières se montrer très circonspect sur un pareil sujet. Néanmoins, certains témoignages ont été enregistrés et ont fait l'objet d'enquêtes minutieuses qui, soit se soldèrent par des non-lieux, soit révélèrent des incohérences ou des absences de preuves.

A l'heure actuelle, un seul point reste acquis : les Allemands possédaient les plans des superstructures du fort. Le 10 mai 1940, on a en effet trouvé sur le corps d'un aéroporté, une carte au format carte postale, donnant à l'échelle tous les organes de la superstructure du fort. Ce document a été établi à l'aide de photographies aériennes, comme il a déjà été dit précédemment (documents 115/16-108/4-113/3-116/12)[10]. Avant la mobilisation, la position fortifiée de Liège fut souvent survolée par des avions étrangers, voire un dirigeable, sans que ceux-ci aient été inquiétés. Witzig n'a, pour sa part, jamais nié s'être servi de photographies aériennes, qui lui fournirent les informations nécessaires à l'entraînement de ses hommes.

D'autre part, un Malmédien nommé Fritz Bodet, déserteur au début 1940, se serait engagé dans le régiment spécial Brandenbourg, dont faisaient partie les pilotes de planeurs qui participeront à l'attaque sur Eben-Emael (documents 115/18-149). Il résulte d'un jugement rendu à Bruxelles en juin 1947, que Bodet n'a pas participé à l'attaque du fort.

Il faut savoir que d'anciens soldats du fort, tels que Guens (milicien classe 38), Laurent (milicien classe 36) et Duchâteau (milicien classe 34) se sont engagés pendant l'occupation à la Légion Wallonie ou à la Werbestelle, mais cela ne prouve strictement rien quant à leur conduite avant-guerre. Dans le même ordre d'idée, le soldat Boveroux (milicien classe 38), prisonnier de guerre au Stalag XI B, aurait quitté le camp en compagnie d'un sous-officier allemand et n'aurait plus jamais été revu (document 383). Relevons à présent quelques témoignages dignes de foi.

A Coupole Sud : - Le 1er Mdl Fourier attribue les défaillances constatées à l'incompétence du  personnel. Selon lui, il suffisait d'une fausse manoeuvre pour mettre hors service le délicat matériel. Il ne pense pas qu'il y ait eu le moindre sabotage (document 302).

                            - Le 1er Mdl Couclet déclare qu'à l'alerte, en arrivant à la coupole, il n'a constaté     aucune dégradation ni à la coupole, ni aux installations annexes. La coupole n'était pas ouverte à son arrivée[11] (document 312).

A Coupole 120 : - Le lieutenant Dehousse n'est pas au courant d'un sabotage possible de la coupole (document 321).

                          - Le lieutenant Legaie ne croit pas que les constatations faites par Cremers aux embrayages et aux monte-charge résultent de sabotages. Les mécanismes étaient fort délicats, selon des constatations faites avant le 10 mai (document 316).

                          - Le commandant Vamecq n'a pas l'impression que des actes de sabotage aient pu être commis (document 362).

                          - Le lieutenant Verstraeten n'a rien constaté personnellement. Il n'a pas été signalé que les coupoles ou les casemates aient été trouvées ouvertes lors de l'occupation de l'alerte (document 360).

                          - Le chef spécialiste Reynaerts signale que les monte-charges ont donné beaucoup d'ennuis avant le 10 mai (document 392).



[1] Si l'on ne prend pas en considération la possibilité d'une attaque aéroportée.

[2] Aussi appelé « fossé antichar ».

[3] La défense du pourtour du fort était dotée en tout de 12 canons de 60, 19 mitrailleuses et 19 projecteurs.

[4] Ce fut également le cas du commandant Giddelo, commandant le centre de transmissions de Lanaken, seul officier autorisé à donner l'ordre de sautage des ponts et qui, lors de la visite du même personnage, ayant fait remarquer la situation plutôt précaire de son poste, se vit désobligeamment rétorquer « auriez-vous peur Giddelo ? ». Le 10 mai 1940, à 04 h 00, trente minutes avant l'attaque des ponts, ayant été bombardé par une escadrille de Stukas, Giddelo, ainsi que ses 23 TS, gisaient sous les décombres de leur centre de transmissions. Giddelo n'eut jamais l'occasion de donner l'ordre de faire sauter les ponts !

[5] En réalité, à l'exception de la destruction de la galerie menant à 01, rien n'était prévu en ce qui concerne les autres galeries ou ouvrages.

[6] Se reporter aux avertissements du colonel Oster de l'Abwehr, via le colonel Goethals (attaché militaire à Berlin).

[7] Appui d'artillerie en liaison radio avec le groupe Granit (lieutenant Delica).

[8] Après la guerre, Witzig reprit du service au sein de la « Bundeswehr », où il termina sa carrière avec le grade de colonel, comme commandant d'une école du génie. L'ancien commandant du groupe Granit est revenu plusieurs fois à Eben-Emael, sur les lieux de son premier succès. Le 9 mai 2000, âgé de 84 ans, toujours bon pied bon oeil et soixante années après son atterrissage, il avait voulu rendre une dernière visite au fort, en compagnie de Wenzel, celui de ses sous-offciers qui avait mené l'assaut en son absence. Ce fut pour nous l'occasion d'obtenir certaines précisions, jusque là inédites. Witzig est décédé à Oberschleissheim, le 03 octobre 2001.

[9] Le fossé « diamant » est creusé de manière à présenter des saillies de formes pyramidales, qui doivent protéger un bloc de combat en interdisant l'approche des embrasures et en empêchant l'obstruction de celles-ci par des débris de béton.

[10] Référence aux documents composant le dossier « seconde commission » du fort d'Eben-Emael.

[11] Lorsqu'ils n'étaient pas occupés, les ouvrages (coupoles, casemates) étaient verrouillés. De plus, seul le personnel prévu (équipes des pièces) avait le droit d'y accéder. Cette règle était valable pour tous les autres ouvrages.

Les raisons de la neutralisation si rapide du fort

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1° Avant l'attaque

- L'énorme surface de la superstructure a souvent été mise en cause (40 hectares). Cependant, si toutes les armes ou même seulement quelques-unes, prévues pour la défense terrestre avaient tiré, les planeurs et leurs occupants auraient été annihilés.

- Une arme secrète, les charges creuses. Celles-ci n'ont cependant percé aucune cuirasse des observatoires d'artillerie ni des coupoles. Des charges conventionnelles auraient causé les mêmes pertes parmi les observateurs.

- Les planeurs, un procédé « nouveau » inconnu jusqu'alors. Cependant, les parachutistes, eux étaient connus (mise en oeuvre de divisions entières de parachutistes en Russie dès 1936), les documents saisis à Maasmechelen y font allusion. Certes le regroupement de paras dispersés sur la superstructure du fort aurait pris plus de temps que le débarquement des planeurs mais peut-on supposer que cela aurait suffit pour compenser notre impréparation au combat ?

2° Au moment de l'attaque

La chute rapide du fort est essentiellement due au fait que les aéroportés ont surpris le fort en flagrant délit d'impréparation et cela malgré le long délai qui suivit l'ordre d'alerte réelle. Le fort n'est pas prêt, bien qu'averti. L'attaque demeure une « surprise » :

- Les 14 guetteurs prévus sur le massif ne sont pas à leur poste.

- Par manque de préparation technique, les MiCA échouent dans leur mission.

- La plupart des ouvrages ne disposent pas du personnel nécessaire.

- Des déficiences techniques apparaissent dès la mise en action.

- Les premières caisses de munitions ne sont pas ouvertes.

- Le commandant et de nombreux officiers se trouvent au dehors, à la poterne, au lieu d'être dans les bureaux de tir au moment de l'attaque. A l'exception d'une cinquantaine de cartouches tirées par trois MiCA, aucune arme du massif[1] n'a tiré le moindre coup au moment où l'attaquant était le plus vulnérable.

- Le fort, disposant de mines, les conserve en réserve au lieu de les placer sur le massif où           l'on avait, par contre, aménagé un terrain de football !

 

A quoi imputer l'impréparation matérielle et morale ?

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1° Le 9 mai 1940 : dans la soirée, le retour au régime normal des congés crée au sein de l'armée, une ambiance euphorique. Soulagés, après avoir trop attendu, les soldats ne manquent pas de fêter l'événement le soir même. L'allégresse est à son comble lorsque dans certaines unités, alors que les premiers départs en congé sont prévus pour le matin du 10, des permissionnaires quittent leurs garnisons le soir du 9 mai. Une telle atmosphère n'est certainement pas de nature à rendre crédible, quelques heures plus tard, une alerte réelle. Rappelons qu'en outre, un exercice d'alerte était prévu pour le lendemain 10 mai !

2° L'ordre de retarder les 20 coups d'alerte donné par un (mystérieux) échelon supérieur, reste étrange ! Le mot code (René) est bien celui de l'alerte réelle, y a-t-il confusion ? Contre-ordre ? Au fort d'Eben-Emael, les 20 coups ne sont tirés qu'à 03 h 25. C'est seulement alors que les plus incrédules, et ils sont nombreux, commencent à prendre l'alerte au sérieux et se lèvent, 2 h 50 après la réception de l'ordre d'alerte du GQG ! Si ce retard s'avère particulièrement néfaste pour la garnison de Wonck, il entraîne également de lourdes conséquences auprès des unités d'infanterie déployées le long du canal Albert.

3° Certaines directives particulières appliquables en cas d'alerte réelle et ipso facto, en cas de conflit, ne parviennent jamais aux unités, il s'agit notamment de :

- la nécessité d'ouvrir les caisses à munitions et de charger les armes collectives;

- certaines munitions, des allumeurs de grenades et des amorces restent dans les caisses plombées.

4° Le fort d'Eben-Emael n'est pas le seul dans cette situation, des problèmes similaires apparaissent au sein des unités d'infanterie chargées de défendre le canal Albert :

- les armes lourdes étant rentrées tous les soirs, les 8 mortiers du régiment défendant Veldwezelt ne sont pas en place lors de l'attaque des aéroportés;

- dans d'autres unités, les mortiers restent en place, mais leurs servants ne disposent que de grenades sans allumeurs !

5° Aucune instruction d'évolution d'infanterie au combat n'a été prodiguée aux artilleurs de forteresse (qui d'ailleurs ne disposaient que de l'armement individuel et collectif de piquet[2]) pour le cas où une contre-attaque devrait être opérée pour dégager les superstructures. De même, on n'avait pas prévu d'aménager des épaulements pour l'intervention terrestre des MiCA, pas plus que des tranchées, permettant à cette section se trouvant isolée sur le massif de se défendre contre une attaque terrestre. De fait, elle était dépourvue de grenades et de lance-grenades. Aucun réseau de barbelés, aucune mine n'avait été disposés en protection de la section MiCA.

6° Quelle attitude adopter dans le cas où l'ennemi utiliserait des prisonniers comme bouclier[3] ? Faut-il sacrifier des compatriotes au bénéfice de la défense de la position (ouvrages, coupoles) ? Faut-il ne pas tirer au risque d'être neutralisé ? Faut-il dans ce cas accepter tout simplement la défaite ? Un ordre précis et sans ambiguïté devait être prévu.

 


06/12/2008
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Eben Article Joseph THONUS suite 3

 

L'ordre d'interdiction de tirer en hollande[1]

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Le major Jottrand donne priorité aux corvées[2]

Le commandant du fort n'a pas été informé par l'échelon supérieur des renseignements alarmants du 9 mai (effervescence de la Wehrmacht dans l'après-midi de cette journée, en l'occurrence plusieurs unités serrant sur la frontière), pas plus que des activités militaires ennemies dans le secteur frontalier du Groupement K[3]. En l'absence de la garnison de Wonck, qui le 10 mai vers 02 h 00 n'a pas encore rejoint le fort, il décide de commencer les déménagements prévus par les ordres du dossier d'alerte. Le personnel de piquet de tous les blocs de défense rapprochée du pourtour du fort et de Mi Nord et Mi Sud sont appelés devant la poterne. Cette décision prive temporairement le massif du fort de l'essentiel de sa défense terrestre (6 Mi, 1 FM et 4 projecteurs).

« Alerte générale »

A l'arrivée des planeurs, le major Jottrand et quelques officiers se trouvant à la poterne du fort avec les hommes de corvée, aperçoivent des avions volant « moteurs calés ». Du téléphone du corps de garde, le commandant Hoterman ordonne aux MiCA d'ouvrir le feu « s'il s'agit d'avions allemands ». Le major Jottrand donne l'ordre de faire sauter les dispositifs de destruction du groupe 

Eben-Emael (ponts de Canne, de Lanaye et de Petit-Lanaye) et fait rentrer tout le monde dans le fort. Rentrant dans son bureau administratif (caserne souterraine), il fait sonner par les sirènes « alerte avions ». Le commandant Vanderauwera ordonne l'alerte « attaque générale », ce qui doit entraîner le tir sur les glacis[4] des armes de tous les blocs de défense extérieurs. Or, c'est l'alerte « attaque massif » qu'il aurait fallu ordonner[5] ! Avec pour conséquences le déclenchement d'un tir général des pièces protégeant le massif. En combinaison avec les 6 Mi et 2 FM[6] balayant de leurs tirs le massif du fort, on peut imaginer ce que les tirs des 10 canons de 75 en « boîtes à balles »[7] et des 2 canons de 120 « fusant à évent zéro » auraient pu causer comme dégâts au groupe de l'opération « Granit », débarquant sans protection sur les superstructures du fort ! Encore eût-il fallu que ces ouvrages soient prêts et en mesure de tirer ! Si tel avait été le cas, avec les moyens dont disposait le fort, les planeurs et leurs occupants auraient été anéantis en quelques minutes !.

Les ouvrages n'étaient pas prêts à entrer en action

Tout d'abord on n'avait pas ouvert les premières caisses de munitions ! Il faut savoir que toutes les munitions, quelle qu'en soient la nature, sont stockées dans des caisses scellées (emballage de sécurité contre l'humidité[8]). Chacun savait qu'il n'était pas question de desceller les caisses sans un ordre ! Si lors d'une alerte, l'on descellait des caisses, après la fin de l'alerte c'était tout un drame pour les faire resceller par les services spécialisés, aussi on y regarde à deux fois. C'est ainsi que, même le 10 mai, le chef du bloc VI se voit infliger des reproches en provenance du PC parce qu'il avait ouvert quelques caisses ! Au bloc Mi Nord, le brigadier Petry reçoit l'ordre du PC de ne pas ouvrir les caisses. Aussi les mitrailleuses ne seront-elles pas chargées !

Quelle est donc la situation des ouvrages du massif au moment où apparaissent les planeurs ennemis ?

Défaillances techniques et manquements aux ouvrages de superstructure

A Coupole Nord : on se prépare à effectuer un tir « boîtes à balles » mais ... incident ! Le monte-charge est bloqué, un pourvoyeur ayant mal disposé les munitions dans la noria[9]. La coupole sera neutralisée pendant le dépannage. En fait, bien qu'ayant subi les explosions de deux charges creuses de 50 Kg, la coupole avait bien résisté. Non seulement son blindage n'avait pas été percé mais elle était encore en état de fonctionner et, par un pur hasard, le personnel n'avait pas été atteint par les effets des explosions. En réalité ce fut l'attaque de son débouché d'infanterie qui causa l'abandon de l'ouvrage. Et pour cause : grilles, portes de sas, chariots de munitions et cage de monte-charge étaient hors service. Normalement l'entrée du débouché d'infanterie était défendu par un FM dont les tirs devaient en interdire l'accès. Cependant, à l'aube du 10 mai, alors que les aéroportés attaquaient les ouvrages de superstructure, le poste FM était inoccupé ! Ce manquement permit à un sous-officier parachutiste de faire sauter la grille de protection avec une charge de 3 kg et de placer une charge creuse, de 12,5 kg, au pied de la porte renforcée. L'explosion ravagea le niveau de la noria. Remarque : des travaux de restauration ayant eu lieu en 1998 ont permis d'effectuer une analyse approfondie des effets des explosions et par conséquent du déroulement de l'attaque de cet ouvrage, jusque-là inaccessible. Il en résulte sans conteste que :

- le barrage de poutrelles était en place (arraché par l'explosion)

- le défenseur n'était de ce fait pas à son poste (plus de vue vers l'extérieur)

- la porte renforcée n'était pas verrouillée (verrous demeurés intacts)

- un seul mort, le brigadier Biesman qui débloque le monte-charge au niveau de la noria.

- de par son emplacement par rapport à celui de la charge creuse, si le tireur FM avait

  occupé sa place, il aurait été déchiqueté.

NB : cette coupole est à ce jour encore en état de se mouvoir (éclipse et orientation). In fine, après avoir manqué sa première mission par manque de personnel (salves d'alertes), Coupole Nord n'aura pas tiré un seul obus !

 

A Coupole Sud : hormis le petit incident lors du tir des salves d'alerte, c'est le seul ouvrage qui est en mesure de tirer durant les deux jours de combat, ce qui gène fortement les attaquants.

 

 

La capacité opérationnelle de la coupole 120, une merveille de technologie

Avant guerre, la même impression d'admiration gagnait les rares visiteurs « privilégiés » ayant eu l'occasion de pénétrer dans la coupole de 120. « C'est cela qu'il faut voir » tout marche à l'électricité ! On pousse sur un bouton et les canons se placent en position de tir. On pousse sur un autre et l'obus monte avec la charge à hauteur de la culasse. Un troisième bouton et l'obus est refoulé dans la chambre du canon. Une pression sur un quatrième bouton et voilà que toute la coupole tourne en un mouvement si doux qu'on a l'impression de ne pas bouger ! Plus que l'épaisseur des voûtes et des cuirasses, ce qui étonnait le visiteur c'était la propreté du matériel tout neuf et surtout le mécanisme perfectionné qui permettait à l'ouvrage de se mettre en action avec une extrême rapidité. Qu'en fut-il le 10 mai 1940 ?

 

Lorsque la coupole reçoit l'ordre de tirer (04 h 25) les incidents commencent :

1° On se rend compte que les monte-charge sont déréglés (problème de noria).

2° Le déboucheur apprête son matériel et s'aperçoit que les lames de la pince du débouchoir[10] ont disparu ! L'évent le plus petit au débouché est de 15'', ce qui correspond à environ 6 km de portée[11].

3° On réalise qu'il n'y a pas moyen de déclencher le contre-poids de lancement du refouloir ! L'embrayage reste calé, malgré les efforts des hommes. On tente alors d'effectuer la manoeuvre de chargement manuellement mais la puissance de refoulement de l'obus étant insuffisante, ce dernier ne s'engage pas dans les rayures du tube et retombe sur le refouloir. Impossibilité de charger ! «  Coupole 120 manque » ! Lorsque le chef de pièce informera le PC de la progression des aéroportés allemands vers sa coupole, le PC ordonnera «  défendez-vous comme vous le pouvez ». Cette coupole, dotée d'une cuirasse de plus de 400 tonnes d'acier, sous laquelle se trouvent des canons jumelés d'une puissance de feu égale à une batterie de 120[12], en sera réduite au tir à la carabine d'un homme, visant par le logement d'une lunette de pointage « manquante » !!!

Maastricht I

Au moment de l'alerte, elle est occupée par une équipe presque complète, mais à 02 h 30 elle reçoit l'ordre d'envoyer la moitié de son personnel dans la cour, devant la poterne, pour renforcer les corvées. De ce fait, les hommes restants sont trop peu nombreux pour servir la casemate, qui sera neutralisée par une charge creuse de 12,5 kg avant d'avoir reçu le moindre ordre de tir.

 

Maastricht II

Il y manque 12 hommes, mais elle reçoit du personnel de renfort de Maastricht I. Les fonctions des membres du groupe présent sont mal définies. Dès le début de l'attaque la cloche d'observation, dont la lunette manque, est détruite par une charge creuse de 50 kg. Simultanément, une attaque par charge creuse de 12,5 kg détruit une embrasure de la casemate. L'ouvrage est neutralisé avant d'avoir pu tirer un seul coup.

 

Visé I

Il y manque 12 hommes, à l'instar de Maastricht 2. Bien que disposant d'un important secteur de tir sur le massif du fort, Visé I est dépourvu de « boîtes à balles ». Faute d'objectif désigné, on tire donc « fusant à évent zéro » pour occuper le personnel. Bien que son orientation (vers Visé) ne présente aucun danger pour l'opération ennemie, l'intervention de la casemate attirera sur elle l'attention des aéroportés. Conscients du danger, ceux-ci mettent les pièces hors d'usage en introduisant des charges explosives dans les tubes à 09 h 00 et à 17 h 00.

 

Visé II

L'équipe est pratiquement au complet. Située au Sud du massif, orientée vers Visé et n'ayant de surcroît pas tiré, cette casemate ne sera pas inquiétée par l'ennemi.

 

 

Mi Nord

Ne sont à leur poste qu'un brigadier et quatre hommes non qualifiés, sur un effectif de 2 sous-officiers et 12 hommes. De toute évidence, c'est insuffisant pour assurer le service de 3 mitrailleuses, 1 fusil-mitrailleur et 2 projecteurs, mais les deux observateurs d'Eben II sont à leur poste. Ordre est donné de ne pas ouvrir les caisses de munitions ! Lors de l'attaque ennemie par charges creuses sur la cloche d'observation et sur les embrasures, les armes ne sont donc pas chargées !

 

 

Mi Sud

L'équipe de piquet à son poste dans l'ouvrage, est rappelée à 02 h 30 pour effectuer des corvées (3 brigadiers et 11 soldats). L'ouvrage est vide lors de l'attaque ennemie par lance-flammes et charges creuses.

 

 

Les Mi CA[13]

L'adjudant Longdoz dispose de 4 mitrailleuses. Voyant apparaître des « avions », il demande par téléphone l'autorisation d'ouvrir le feu[14]. Il lui est répondu de ne tirer que s'il voit distinctement les signes de nationalité étrangère. Les planeurs portent bien des croix noires sur le fuselage, mais si petites, que dans l'aube naissante on ne les distingue pas ... ou trop tard ! Enfin, l'ordre de tirer est donné par le commandant Hotermans. Les MiCA tirent mais, mal réglées, seules les Mi 1, 2 et 4 parviennent à cracher ensemble une cinquantaine de cartouches et ... s'enrayent ! Il est déjà trop tard, les planeurs sont sur le point d'atterrir;  l'un d'eux passe si près qu'il arrache de son aile une mitrailleuse de son socle. Les aéroportés bondissent de leurs planeurs en tirant et en hurlant. Surpris par les tirs de mitraillettes et les lancements de grenades, les MiCA ne disposant que de leurs carabines, sont bien vite réduits à l'impuissance. Il en est de même des hommes se trouvant encore dans le baraquement Graindorge[15], où se trouvent un téléphone et deux mitrailleuses de réserve. A l'arrivée des planeurs, le baraquement aurait dû être vide, mais il y restait encore quelques hommes. Probablement certains « MiCA » préféraient-ils attendre la fin de l'alerte à l'abri, plutôt qu'en plein air ?

 


[1] Il est à remarquer que cet ordre ne précise pas ce qu'il convient de faire dans le cas où l'on serait directement attaqué, ni dans le cas où nous serions attaqués en même temps que la Hollande, ni dans le cas où les lisaisons avec le GQG seraient interrompues.

[2] Décision qui paraît logique si l'on exclut la possibilité d'une attaque aéroportée à laquelle personne n'aurait pensé à l'époque.

[3] Dans les Ardennes.

[4] Glacis : talus incliné qui s'étend en avant d'une fortification.

[5] Il y a une énorme différence entre « attaque massif » et « attaque générale ».

    « attaque massif » met en oeuvre la défense de la superstructure du fort.

    «  attaque générale » met en oeuvre la défense périphérique du fort.

[6] Mi Nord, Mi Sud, Débouché d'infanterie de Mi Nord et Coupole Nord. Il est de plus à remarquer que le tireur FM de coupole Nord n'était pas à son poste lors de l'attaque du débouché d'infanterie (l'établissement du barrage de poutrelles et sa destruction par explosion d'une charge corroborant ce fait).

[7] Visé 1, MA2, Coupole Nord et Coupole Sud.

[8] L'ouverture des caisses était particulièrement laborieuse, d'autant qu'il n'existait aucun outil adéquat pour effectuer ce travail.

 


06/12/2008
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Eben-Emael article Joseph Thonus

Suite

Des plans venant du ciel pendant la « drôle de guerre »

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Au fait, que fut notre « police du ciel » avant mai 1940 ? En raison de sa neutralité, la Belgique se devait d'interdire à tout belligérant le survol de son territoire. Bien que cette décision fut prise dès le 3 septembre 1939, le développement de la guerre aérienne allait prendre une dimension telle qu'il fut fort malaisé de la faire observer, d'autant que des avions des deux camps n'hésitaient pas à pénétrer l'espace aérien belge. Soit ils effectuaient des vols de reconnaissance de notre dispositif de défense, soit ils passaient tout simplement pour atteindre plus facilement leurs objectifs, soit enfin pour échapper à l'aviation de chasse adverse. Ainsi, dès le lendemain du 3 septembre, le survol du territoire fut constaté à plusieurs reprises à proximité des frontières hollandaises et allemandes : activités de reconnaissance qui ne firent que s'amplifier par la suite. A vrai dire, les moyens dont disposait l'aviation belge de l'époque étaient dérisoires et mal adaptés à leurs missions, dont certaines tournèrent au drame. L'affaire Henrard, premier pilote belge descendu le 9 mars 1940 par un Dornier 17, ne fut que le début d'une série d'escarmouches, se terminant invariablement au détriment des avions de chasse belges, obsolètes en la circonstance. Cela amena d'ailleurs les Français à qualifier l'espace aérien belge de « refuge » offert par la Belgique aux avions de reconnaissance allemands, leurs poursuivants de la chasse franco-britannique arrêtant systématiquement leurs poursuites à la frontière belge[1]. Est-il encore utile de se demander d'où les Allemands avaient leurs plans (photos) du dispositif du fort d'Eben-Emael ? Tout qui possède quelques notions des possibilités qu'offre l'exploitation des photographies aériennes, n'aura aucune difficulté à comprendre ! La 631e Section cartographique des services de renseignements allemands aura eu de ce fait, l'occasion de faire tout à son aise, un « travail de précision » ! Ainsi donc, la « drôle de guerre » existait-elle aussi dans notre espace aérien !

Pas d'éventualité d'attaque aéroportée sur la ligne du canal Albert

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En Belgique, l'atterrissage forcé d'un appareil allemand dans la région de Maasmechelen, avait permis la capture de documents attestant l'intention des Allemands d'utiliser des troupes aéroportées d'une part, par petits détachements chargés de s'emparer des ponts de la Meuse au Sud de Namur, d'autre part en effectuant des atterrissages d'assaut dans la zone Fosse-Graux. A l'analyse des documents capturés, il apparaissait très clairement que des parachutistes seraient surtout employés contre les arrières des positions pour paralyser les communications et effectuer des sabotages. On avait alors considéré que les troupes en place suffiraient à neutraliser, moyennant une vigilance accrue, ces groupes de saboteurs. Les terrains d'atterrissage, quant à eux, seraient encerclés et neutralisés par l'artillerie !

On n'avait pas envisagé l'emploi de parachutistes ennemis sur la première ligne de défense elle-même, pas plus qu'entre le premier et le deuxième échelon. D'autre part, l'emploi de planeurs n'était pas évoqué !!! Le 26 mars 1940, sur base de ces documents et d'informations envoyées de Berlin par le colonel Goethals, l'EMG édite une instruction détaillée sur les mesures à prendre contre les parachutistes et les saboteurs isolés opérant en petits groupes[2]. Elle précise cependant qu'ils pourraient être revêtus d'uniformes de l'armée ou de la gendarmerie belge ou d'un service public quelconque. La suspicion était ainsi lancée, six semaines avant les hostilités, sur toute une série de porteurs d'uniformes. Une instruction est diffusée au sein de l'armée jusqu'au niveau des compagnies ainsi que dans les brigades de gendarmerie. De fait des instructions sont données à la garnison « en repos à Wonck[3] ». La zone de cantonnement est divisée en « secteurs d'observation », lesquels sont le cas échéant « ratissés » par des sections d'artilleurs de forteresse au repos et désignés d'avance. Assez paradoxalement, une telle mesure ne sera pas mise en application pour le fort (en particulier pour sa superstructure). Il est vrai que de par sa situation géographique, le fort, se trouvant en « première ligne » du dispositif de défense, n'est nullement concerné !

Néanmoins, il est toutefois prévu sur le pourtour du massif du fort, 14 trous pour guetteurs, disposant chacun d'un téléphone relié au fort par une ligne de campagne. En cas d'alerte, ceux-ci doivent se rendre à leurs postes (2 brigadiers et 12 soldats). De fait, le 10 mai peu après l'alerte, ils se rendent à leurs postes d'observation, mais à 03 h 30 ils sont rappelés dare-dare à l'intérieur du fort car, sans appareil de téléphone, ils ne servent absolument à rien ! Les postes téléphoniques avaient, en effet, été prêtés au camp d'Helchteren !!! Avec le personnel « MiCA », ces guetteurs étaient les seuls à pouvoir surveiller le ciel au dessus du fort ! Toutefois, ils furent « utilement » employés à renforcer les corvées chargées de déménager les meubles et impedimenta des baraquements du temps de paix[4] !

Rappelons en passant que normalement, avant d'arriver au canal Albert, l'ennemi présumé devait d'abord traverser les 30 km de territoire hollandais, ceci peut partiellement expliquer la lenteur de certaines réactions.

 

 

 

L'alerte de la nuit du 9 au 10 mai 1940

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A la lumière des faits et événements qui à présent nous sont connus, force est de constater que, dès le début de l'alerte du 10 mai, le fort d'Eben-Emael commence « très mal » la journée qui devait être la plus importante de son existence ! De fait, bien avant que les événements de nature à lui porter un quelconque préjudice ne soient survenus, les problèmes, les incidents et la malchance s'accumulent.

Récapitulons : dans la soirée du 9 mai, alerte réelle, oui, mais ne précipitons rien cependant ... S'étant endormie sur l'oreiller de sa neutralité, la Belgique s'éveille certes, mais avec une prudente hésitation[5]. Alors que notre attaché militaire à Berlin, le colonel Goethals confirme à 22 h 30 l'imminence de l'attaque, ce ne sera qu'à 23 h 30 que le général Michiels, chef de l'EMG, déclenchera l'alerte générale. Le IIIe Corps (citadelle de Liège) ne sera averti qu'à 00 h 25, soit avec 55 minutes de retard et le Ier Corps à 00 h 55, soit avec 85 minutes de retard. L'ordre d'alerte, via le Centre de Renseignement Avancé (CRA), parvient à l'officier de garde, le lieutenant Maes du 2e Grenadiers, de service dans un baraquement à l'entrée du fort, qui avertit aussitôt le lieutenant Delrez de garde au PC du fort (il est 00 h 45).

 

Quelles étaient dans l'ordre, les mesures à prendre prévues dans le dossier d'alerte ?

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1° Tirer les salves d'alerte (20 coups à blanc à raison de cinq en direction de chaque point cardinal par la coupole de 75 de piquet).

2° Alerter le cantonnement de Wonck, dont les hommes doivent participer aux corvées de mise en état de défense des accès et de l'évacuation de matériels divers (NB : du personnel peut être prélevé sur certains ouvrages comme Mi Nord et Mi Sud pour effectuer ces corvées, mais un personnel de piquet capable de mettre en oeuvre toutes les armes devra cependant y rester[6]).

3° A la garnison : occupation des 17 ouvrages et des postes d'observation dans un délai de 20 à 35 minutes selon leur éloignement de la caserne souterraine; mise des armes en état de tirer. A cet effet un homme par ouvrage doit passer chez l'armurier pour enlever le petit matériel et les accessoires nécessaires (sacoche[7]); ouvrir les premières caisses à munitions et, en ce qui concerne les mitrailleuses, y introduire les premières bandes de cartouches[8].

4° Mise en oeuvre des nombreuses corvées, entre autres : transport vers la caserne souterraine ou vers Wonck du matériel se trouvant dans les baraquements du temps de paix; destruction des baraquements en cas de déclenchement des hostilités; obstruction des chicanes laissées ouvertes dans le réseau de barbelés au moyen de chevaux de frise.

En cas d'alerte, les délais d'exécution étaient donc les suivants :

     - occupation des ouvrages de combat : de 20 à 35 minutes.

     - le fort entièrement prêt en 3 heures, ce qui correspondait à 03 h 30 le 10 mai.

Cela signifie donc que, malgré l'heure de retard accusée lors du déclenchement de l'alerte (00 h 30), le fort devait être prêt avant l'arrivée des planeurs ! Ce ne fut hélas nullement le cas. Voyons dans l'ordre, les événements tels qu'ils se sont déroulés en réalité.



[1] Protestation officielle de l'ambassadeur français Bargeton, le 19 novembre 1939. Car, ne l'oublions pas, la France et la Grande-Bretagne étaient en guerre avec l'Allemagne depuis le 3 septembre 1939.

[2] Le journal Le Soir publie le 6 avril 1940 un long article à sensation : « S'il en tombait des nues, méfions-nous des parachutistes et des saboteurs ».

[3] Le fort d'Eben-Emael détient encore actuellement l'original d'un semblable document.

[4] Cette « importante mission » était prévue dans les ordres d'alerte, mais en 4e urgence !

[5] Rappelons qu'à l'occasion de l'alerte du 13 janvier 1940, pour avoir à minuit fait enlever les barricades à la frontière française, le général Van den Bergen perdit le 2 février son poste de Chef de l'EMG, sanction d 'un « zèle intempestif » de nature à mettre la neutralité de la Belgique en péril !

[6] Ce qui ne fut pas le cas le 10 mai 1940.

[7] Ce qui fut exécuté négligemment, sans contrôle du petit matériel.

[8] Ce qui ne fut pas exécuté le 10 mai 1940.

 

Les salves d'alerte

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La coupole de 75 Nord, qui est de piquet, reçoit l'ordre de tirer les salves à 00 h 31, elle annonce « coupole prête » à 00 h 55. Réponse du PC : « attendre », car simultanément survient l'interdiction de tirer la salve d'alerte, interdiction restée inexpliquée jusqu'à ce jour[1].

 

C'est à 02 h 35 que le major Jottrand transmet l'ordre au commandant Vander Auwera « capitaine de jour », qui le retransmet au lieutenant Verstraeten, l'officier de tir des coupoles de 75. Ce dernier donne l'ordre de tirer. La coupole Nord répond alors « coupole manque », soit une impossibilité de tirer par manque de personnel. Entre-temps, des canonniers ont été réquisitionnés pour assurer des corvées et il ne reste plus que 8 hommes à l'étage inférieur de la coupole ! L'officier de tir s'adresse alors à la coupole Sud qui à son tour signale « coupole manque », pour raisons techniques nécessitant du temps afin de réparer. En réalité, coupole Sud est encore dotée des percuteurs d'exercice et il faut faire appel à l'armurier (caserne souterraine) pour changer les percuteurs, ce qui entraîne des pertes de temps considérables.

Ce n'est qu'à 03 h 25 que le premier coup est tiré, auquel succéderont des salves très irrégulières. De ce fait, l'alerte par salves est donnée avec 2 h 55 de retard et à une cadence sans aucun rapport avec celle qui est prévue pour la salve d'alerte !!!

Ce premier incident aura des conséquences considérables tant pour le cantonnement de Wonck que pour les unités d'infanterie des villages voisins. Une estafette est bien allée prévenir les gradés logeant chez eux mais, en ce qui concerne le gros de la garnison de réserve, force est de constater que le maréchal des logis, chef du poste de garde au fort, a tout simplement oublié d'alerter le casernement de Wonck. C'est tout à fait fortuitement, vers 03 h 00, que le lieutenant Levaque, revenant du fort avec une camionnette chargée du matériel à évacuer, avertit les hommes du cantonnement de repos.

Logés de manière assez dispersée, les hommes sont rassurés par le rétablissement des congés depuis la veille au soir; l'événement avait d'ailleurs été dignement arrosé. Tout le monde croit encore à un exercice d'alerte, d'autant plus qu'aucune salve n'avait toujours été tirée par le fort. Personne n'ignore qu'un exercice d'alerte est prévu pour le 10 mai, ce qui renforce l'incrédulité des soldats et explique que certains ne sortent de leur lit qu'à 03 h 25 lorsque tonne enfin le canon du fort, qui ramène d'un seul coup à réalité les esprits les plus désinvoltes[2].

 

L'interdiction de tirer sur le territoire hollandais

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Bien que les Allemands aient tout prévu pour que les ponts de Maastricht soient capturés intacts (2 ponts routiers : Wilhelmine et Saint-Servais et un pont ferroviaire), contre toute attente, le bataillon 100[3] chargé de cette mission voit sauter les trois ponts devant son nez et demeure à l'arrêt sur la rive Est de la Meuse, en attendant le franchissement par des moyens de fortune. D'autre part, les colonnes des 3e et 4e Panzerdivisions, ayant conformément au plan de mouvement, progressé vers Maastricht sur les routes accédant aux ponts, s'engagèrent dans d'effroyables embouteillages. Ce fut non seulement une très désagréable surprise mais une véritable catastrophe. Aussi dès le début des opérations, la région de Maastricht grouillait littéralement de troupes allemandes du XVIe Corps, constitué des 3e et 4e Panzerdivisions et de leurs renforts : IR 51, Groupe Aldinger, Baulehr Bataillon 100, 601e Pionier Regiment (chargé de construire les ponts); tout cela s'agglutine sur la rive droite de la Meuse, à portée de l'artillerie belge[4].

Plus au Sud, vers 10 h 00, les observateurs du fort d'Aubin-Neufchâteau, en observation à Fouron-Saint-Martin,

 

Entrée du fort d'Aubin-Neufchâteau

 

demandent en vain au fort de tirer sur les troupes ennemies qui se dirigent vers eux. Il s'agit du IIe Bataillon du IR 489, en flanc-garde Sud de la 269e ID, qui fonçant vers Eysden, devait laisser la priorité de la grand'route Aix la Chapelle-Vaals-Gulpen-Maastricht à la 4e PzD, en devant donc se contenter des routes secondaires entre la grand'route et la frontière belgo-hollandaise. Très mal à l'aise, les Allemands roulent pendant des heures en se sachant à portée des artilleurs belges (forts d'Aubin, Barchon, Battice, Evegnée, artillerie de campagne des 20e et 14e RA et éléments de l'artillerie d'armée) pour lesquels ils constituent une magnifique et immense cible de choix. Et pourtant, pas un seul obus n'est tiré ! La raison : une interdiction de tirer sur la Hollande « sans autorisation du haut commandement » (reçu le 15 avril 1940).

A la réception de ce message ultra-secret[5], le commandant de l'artillerie, se trouvant à l'EM du Ier Corps, fait part de son étonnement au chef d'EM, car les plans de feux prévoyaient précisément de nombreux tirs sur le territoire hollandais, en l'occurrence sur les axes aboutissant à Maastricht.

Au IIIe Corps, cette prescription ne manque pas de jeter le trouble dans les esprits, tout particulièrement au 2e Régiment de Cyclistes Frontières (région de Visé).

Le 10 mai 1940 ces mêmes commandants de grandes unités ainsi que le commandant du fort d'Eben-Emael réclament l'autorisation de tirer dès le début des hostilités, appels restés d'abord sans suite ... du fait du déménagement dans le courant de la matinée (10 mai) du GQG de ses locaux du temps de paix situés à Bruxelles, vers le fort de Breendonck (aucune liaison ne fut possible durant ces heures graves) !

Cette aubaine pour les troupes allemandes leur permet d'attendre la construction de ponts provisoires de fortune (bateaux pneumatiques) et de franchir la Meuse sans le moindre bombardement d'artillerie, dans le courant de la matinée du 10 mai ! Cette interdiction de tir permet également aux Allemands de construire en toute quiétude les ponts militaires où passeront, dès l'aube du 11 mai, les chars des 4e et 3e Panzerdivisions (voir ci-après le croquis des secteurs de tir de l'artillerie de forteresse et de campagne sur le canal Albert).

Enfin, il y a lieu de rappeler une action qui aurait pu coûter cher aux Allemands et peut-être même faire capoter les opérations aérotransportées (planeurs) du canal Albert. Le 10 mai à 00 h 15, le lieutenant-général Duvivier, commandant la DAT[6], se présente chez le général Michiels pour lui proposer qu'à partir de l'aube nos avions de chasse patrouillent au dessus du canal Albert. Michiels refuse, estimant que cela n'est pas nécessaire. Les planeurs allemands, sans armement ni défense, volant à +/- 124 km/heure l'ont échappé belle !

Pour une fois, l'aviation belge se serait trouvée face à un adversaire à la mesure de sa capacité opérationnelle !

S'attendant à une attaque terrestre, alignés au cordeau face aux hangars, surpris le 10 mai à 5 heures du matin par une attaque aérienne, 62 appareils sur les 183 que comptait notre aviation sont détruits au sol !



[1] Ce retard par ordre, provenait évidemment d'un échelon supérieur qui ne put être identifié. Aucune trace dans les archives ne permet d'en savoir davantage.

[2] Il est à remarquer que le retard des salves d'alerte réelle renforcera une même atmosphère de doute parmi les soldats des unités d'infanterie et d'artillerie de campagne en poste dans le secteur. Les congés ayant en outre été rétablis la veille, certaines négligences, coutumières lors des exercices, furent commises et elles auront des conséquences catastrophiques au moment de l'attaque (armes sans munitions, grenades sans détonateurs etc).

[3] Bau-Lehrbataillon zu besonderen Verwendungen n° 100 (bataillon d'instruction du génie de construction à utilisation spéciale).

[4] 92 bouches à feu dont 1 x 280 mm, 4 x 170 mm, 12 x 155 mm (sans compter le fort d'Eben-Emael, à ce moment neutralisé). Voir croquis.

[5] En annexe, copie de l'ordre d'interdiction.

[6] DAT : Défense Antiaérienne du Territoire


06/12/2008
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Eben-Emael -- Article Joseph THONUS

Découvrez le fort d'Eben-Emael

Pour tous renseignement une seule adresse

http://www.fort-eben-emael.be/

A titre d'informations le film " L'empereur du goût est programer demain sur la

een télevision néerlandophone

Le fort d'Eben-Emael est toujours un domaine militaire. Situé le long du Canal Albert, le fort d'Eben-Emael était d'une importance stratégique pour la défense Est de la Belgique. Sa mission principale était d'interdire le passage du canal Albert et de la Meuse. Il protégeait également la "trouée de Visé", c.à.d., la vallée de la Meuse entre les villes de Visé et de Maastricht. A ce jour, le fort propose non seulement la visite des ouvrages de combats mais également un musée spécialisé sur le matériel, uniformes, armes, etc. de 1940.
Il peut être considéré comme le musée de la bataille du Canal Albert des 10 et 11 mai 1940 dans laquelle plus de 700 soldats belges périrent.

 

Découvrez le Fort d'Eben Emael 60 ans après par

Joseph Thonus

 

 

 

Joseph Thonus,

 

EBEN-EMAEL, SOIXANTE ANS APRES !

 

 

 

Remarque liminaire

 

«L'affaire Eben-Emael» suscite encore de nos jours de nombreuses discussions, argumentées avec d'autant plus de convictions que de nombreux écrits ont retracé différentes versions de son affligeante histoire. Après 60 ans, à la lumière de faits qui, de nos jours nous sont mieux connus, cette petite analyse des événements des 10 et 11 mai 1940 ne se veut nullement être un réquisitoire ni l'ébauche d'une quelconque critique mais un simple exposé de faits, laissé à la sereine réflexion du lecteur. Son seul but est, à l'appui d'informations et d'indices dûment corroborés, de dissiper les controverses que rien ne peut décidément apaiser.

 

Préambule

 

De la grande pagaille de mai 1940, subsiste encore de nos jours dans l'esprit de certaines personnes, un reliquat suspicieux, une séquelle mémorielle quasi-indélébiles. Effets rémanents de soupçons ayant à l'époque envahi le grand public.

Il est assez malaisé de reconstituer la genèse de la croyance abondamment répandue voulant que la prise aussi rapide du fort d'Eben-Emael n'était que la conséquence d'une « félonie » dont l'action d'une certaine 5e colonne, souvent évoquée à l'époque, n'était pas étrangère, notamment lors de la construction du fort. Des bruits du genre avaient déjà couru au début des événements du 10 mai, par la suite ils avaient trouvé droit de cité dans certains articles de presse ! Après le 10 mai 1940, ces ouï-dire firent boule de neige. Etrillées par deux jours de durs combats, les troupes qui effectuaient l'épuisante retraite canal Albert-KW-Escaut, s'étant mêlées aux colonnes de réfugiés, ne furent pas épargnées par les lazzis, fruits de ces échos-trottoirs, colportant de folles rumeurs, réminiscences des événements et des légendes de 1914.

Il faut dire que les vaincus d'alors trouvaient là un exutoire à une cuisante défaite qu'ils ne s'expliquaient que par la trahison, la pénétration de notre dispositif de défense par des agents ennemis déjà sur place avant le début des hostilités. Durant les années précédant la guerre et en particulier durant la « Drôle de guerre », l'on s'était mis à désigner les activités subversives allemandes du nom de « cinquième colonne ». Cependant, la campagne des 18 jours allait bientôt démontrer qu'en fait, ce n'était ni les espions, ni les Belges « vendus » à l'Allemagne qui avaient amené la défaite et la capitulation de notre armée.

Il est vrai que la Belgique, pays sans ambition militaire ou territoriale, prônant une neutralité qu'elle voulait croire « inviolable », n'avait pas eu la résolution de se préparer sérieusement à une guerre dont elle redoutait l'imminente réalité, pas plus qu'elle n'eut l'idée d'organiser un service de contre-espionnage à la mesure de « l'espionite »[1] que ses gouvernants avaient eux-mêmes suscité au sein d'une population en proie à l'affolement.

 

Oui mais, durant la construction du fort?

 

Voilà certes le « sujet », qui encore de nos jours, perpétue une légende bien ancrée dans certains esprits! « C'est lors de la construction du fort que les Allemands eurent l'occasion de l'espionner à loisir et d'en relever les plans ». Certains affirment d'ailleurs que des firmes allemandes participèrent à sa construction!

Ce qui est certain, c'est qu'il semble évident que dans l'esprit de nombreuses personnes, il y ait eu confusion entre la construction du fort et le creusement du canal Albert, proche du fort et plus particulièrement la « tranchée de Caster » dont les travaux s'effectuèrent plus ou moins durant la même période. Rappelons à ce sujet que si les levés topographiques en vue de l'acquisition des terrains d'emprise et d'implantation des ouvrages eurent lieu en 1931, l'acquisition ne fut réalisée que le 21 février 1932.

Entre-temps, sous les ordres du lieutenant du génie Mercier[2], le personnel nécessaire à la conduite des travaux fut soigneusement choisi et mis en place. En fait, suite à la crise économique de l'époque, l'ensemble des travaux fut divisé en huit entreprises distinctes, s'échelonnant dans le temps et procurant du travail à de nombreuses sociétés. L'adjudication eut lieu selon la « procédure restreinte ». Ce qui signifie qu'il s'agissait non seulement d'entreprises belges mais de plus qu'elles étaient sélectionnées par l'administration militaire, tant pour leurs capacités techniques et financières, qu'au point de vue des garanties sur le plan de la sécurité militaire. Tous les documents, cahiers des charges et plans classifiés « secrets » furent conservés en permanence dans un coffre blindé. En outre, la prévôté effectuait de son côté de fréquents contrôles d'identité sur place.

Quelles sont donc ces fameuses entreprises ? Les voici dans l'ordre chronologique des travaux. Il s'agit de la Société de Construction, Etudes et Ouvraisons de Bruxelles en ce qui concerne le creusement et la construction des puits destinés à relier les ouvrages de surface aux galeries. L'entreprise Limere Frères de Bassenge, pour la construction du réseau des galeries de l'étage supérieur. La construction des casemates et de la coupole de 120 est confiée à la Société de Construction, Etude et Ouvraisons de Bruxelles. La construction des organes de surface, des coffres, des blocs 2, 4, 6 ainsi que les blocs Mi Nord et Mi Sud est attribuée à l'entreprise Limere Frères de Bassenge. L'entreprise Wergifosse d'Angleur prend en charge la réalisation des coffres des blocs d'entrée, du canal et 01. La construction des coupoles Nord et Sud sera réalisée par l'entreprise Pieters de Retinne. Enfin, le creusement des fossés, ainsi que la mise en place des terrassements est confié à l'entreprise Spinette d'Andenne.

En ce qui concerne l'armement, les coupoles sont fabriquées par les Ateliers de Construction de la Meuse à Sclessin. Les affûts de casemate sont fournis par la firme ACEC. L'armement lourd provient de la Fonderie Royale des Canons, qui assure la mise en place et le contrôle des tirs d'essais de toute l'artillerie du fort, sous la direction du capitaine IFM[3] Philips et de l'agent technique Collard.

Comme on peut s'en rendre compte, toutes les précautions de sécurité, confirmées par un rapport établi par la suite par le major Mercier, permettent de réfuter les assertions de « fuites » ou d'espionnage ayant nourri la suspicion d'antan.

 

Le creusement du canal Albert

 

Il est plus que vraisemblable que la réalisation de ces énormes travaux ayant eu lieu dans la région même où s'implantait le fort d'Eben-Emael et qui, débutant le 15 janvier 1930, durèrent 5 ans, créa une certaine confusion durant la période de la construction même du fort. En effet, il faut se souvenir que les délais d'exécution des travaux du canal avaient été fixés à 900 jours ouvrables pour la construction des digues dans la vallée de la Meuse et à 2.400 jours ouvrables pour l'ensemble du travail. L'entreprise des travaux ayant été évaluée par l'Administration des Ponts et Chaussées à 410 millions de francs était d'un montant acceptable pour l'époque. Quatorze entreprises prirent part à l'adjudication :

1. Charles Tournay            (1)                               283 millions

    Charles Tournay           (2)                               307 millions

2. Léon Monnoyer & Fils (1)                                 350 millions

    Léon Monnoyer & Fils (2)                                388 millions

    Léon Monnoyer & Fils (3)                                398 millions

3. Henri Walraeve                                                358 millions

4. SA Laboremus                                                 428 millions

5. SA Dumon et Van der Vin (1)                           497 millions

    SA Dumon et Van der Vin (2)                          515 millions

6. SA Peter Fix Söhne (Duisburg)                         514 millions

7. SA Steward & Mc Donnel (Londres)                520 millions

8. Polens Ry & Zöllner (Berlin)                             524 millions

9. Société Belge des Chemins de Fer

    et Entreprises                                                   530 millions

10. Société Belge des Bétons                                622 millions

11. SA Siemens                                                    628 millions

12. Sa Julius Beager Tiefbau (Berlin)                     640 millions

13. SA Grün & Belfinger (Mannheim)                   643 millions

14. Société de Construction des

      Batignolles (Paris)                                          653 millions

Les prix proposés se répartissent donc entre des valeurs extrêmes très écartées : 283 millions et 653 millions. Parmi les soumissions acceptables, le premier soumissionnaire demandait que l'Etat lui fournît le matériel nécessaire et même le fond de roulement. Son programme technique ne pouvait donner satisfaction, sa soumission n'étant pas conforme au cahier des charges. Le troisième soumissionnaire avait avec lui une société étrangère qui aurait fourni le matériel et pris la direction de l'entreprise. Son offre n'a pu être admise faute de garanties suffisantes et d'un programme technique acceptable.

De toutes les soumissions régulières, la plus basse était celle de 388 millions présentée par la firme Monnoyer & Fils, qui s'était assuré le concours de deux sociétés allemandes. La firme Léon Monnoyer & Fils constitua une société anonyme « Entreprises réunies » dont la soumission fut approuvée le 2 janvier 1930 par Monsieur le ministre Van Caenegem et, le 15 janvier, l'ordre fut donné de commencer les travaux. L'entrepreneur avait pu proposer un prix nettement inférieur à celui de ses concurrents et réduire le délai d'exécution en adoptant une disposition ingénieuse et en mettant en oeuvre un puissant matériel. Il reliait entre elles, dès le début du travail, les deux parties de son entreprise en creusant deux doubles tunnels entre les vallées de la Meuse et du Geer; il pouvait ainsi attaquer immédiatement plusieurs fronts. Bien que les travaux entrepris pour le creusement du canal Albert n'avaient strictement rien de commun avec la construction du fort, le simple fait que deux sociétés allemandes travaillèrent en sous-traitance de la firme à laquelle les travaux du canal furent confiés, causa parmi la population de l'endroit l'amalgame des deux chantiers, qu'aucune cause ou lien ne pouvait associer. La suspicion était née. L'évolution que nous connaissons des événements des 10 et 11 mai 1940 conforta « l'espionnite » qui sévissait dans le pays !



 

[1] Espionnite : phobie de l'espionnage.

[2] Le lieutenant Mercier présida au lancement de la première entreprise le 1er avril 1932.

[3] IFM = Ingénieur des Fabrications Militaires

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06/12/2008
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